Voici maintenant une semaine que nous sommes confinés dans nos habitations pour pallier à la propagation du Corona Virus.
Nous tentons de prendre de nouvelles habitudes de vie liées à cette drôle de période. L’organisation, le partage d’espace et la proximité forcée ne sont pas tâches simples dans ces conditions.
Le temps peut sembler long, interminable pour certains, malgré les activités quotidienne de chacun ( travail à distance / ou chômage partiel pour certains, devoirs scolaires, activités ludiques, intendance journalière…).
L’ennui peut-il être un propulseur de créativité ?
L’ennui peut pointer son nez et il ne faut pas en avoir peur !
Qui n’a pas entendu son enfant ou un proche dire : « je m’ennuie ! » ou « je ne sais pas quoi faire ! », et le voir se poser quelques minutes puis se mettre en action et créer quelque chose ?
Savoir s’ennuyer n’est pas un concept facile à intégrer dans une société où tout va de plus en plus vite, et dans laquelle «ne rien faire» est souvent synonyme de contre-productivité voire de fainéantise !
D’autant plus dans la période que nous traversons.
S’ennuyer permet à l’esprit de vagabonder.
En 2016, le Journal of Experimental Social Psychology a publié un ode à l’ennui qui explique que les personnes qui savent l’accueillir « sont plus à même de développer des pensées originales »
Dans notre 21e siècle à peine entamé, s’ennuyer est presque un gros mot ! Notre cerveau, sollicité en permanence par un monde ultra connecté, est toujours occupé : mails, appels téléphoniques, SMS, applications sur Smartphones, publicités surgissantes, publicités urbaine ou encore activités professionnelles, famille, activités sportives, culturelles… Nous évoluons dans une société qui prône l’activité continue et la performance.
Ce qui a carrément mis à jour l’ociofobia ou « phobie du temps libre » : la peur de ne pas avoir quelques chose à faire (notion inventée par Rafael Santandreu, psychologue espagnol).
L’ennui ne devrait pas être compris comme de l’oisiveté ou de la paresse. C’est un espace de non-faire qui, au premier abord, peut sembler désagréable. C’est pour cette raison qu’il est essentiel de l’apprivoiser.
«Pour générer les meilleures idées, il faut savoir faire une pause : chacun peut développer son potentiel créatif et apprendre à innover. La créativité est un état d’esprit. Il faut être capable d’être confronté à l’oisiveté sans angoisser et laisser son esprit vagabonder. S’autoriser à s’ennuyer c’est s’autoriser à imaginer et créer.»
Chris Lewis dans Too fast to think / Éditeur : Kogan Page (28/10/ 2016)
Laisser divaguer son esprit ouvre à l’imaginaire.
Accueillir le non-faire ou la rêverie permet au cerveau de décrocher, de faire une pause. Les idées traversent les pensées et nous amènent à créer. Il en est de même avec une activité ennuyeuse, une tâche répétitive ou basique.
Une étude de Sandi Mann et Rebekah Cadman, chercheuses britaniques en psychologie (Université du Central Lancashire), ont confirmé l’hypothèse que l’ennui est propice à la créativité.
Elles ont mis en évidence que les tâches répétitives et/ou rébarbatives d’un ennui profond étaient vecteurs de créativité et de productivité sur des sujets donnés à la suite de l’expérience. L’ennui provoqué par l’exécution de ces tâches amène l’esprit à divaguer et à se poser sur une idée qui se développe avec plus de rapidité et d’intensité. Ce qui propulse la créativité et la mise en action de créer.
Accueillir le désœuvrement au cœur de son quotidien implique d’accepter un certain nombre de renoncements : renoncer à l’agitation inutile destinée à marquer la fuite du temps, renoncer à la dramatisation de nos émotions, renoncer à vivre collé à la lucarne de la télé et, enfin, renoncer à avoir raison envers et contre tous, et surtout contre la vie.
Petit éloge de l’ennui / Odile Chabrillac ©Édition numérique Jouvence, 2013
Quelques exemples pour s’autoriser à s’ennuyer :
- Le coloriage, activité simple qui ne demande pas trop de réflexion et qui détend l’esprit. A pratiquer sans jugement de valeur !
- Ne penser à rien, se poser et se détendre sans rien avoir à faire. Rêvasser, laisser divaguer ses idées, même celles considérées comme bêtes ou inutiles, et ne pas chercher à juger de l’importance de chacune.
- Le dessin automatique, tracer sans intention.
- Faire des choses ennuyeuses, comme plier des chaussettes…
- Recopier des listes de chiffres, ou de mots… c’est très ennuyeux, mais terriblement efficace !
La liste est sans fin, il ne tient qu’à vous de trouver votre vecteur d’ennui…
Trop d’ennui peut nuire à la santé
Cependant, trop d’ennui peut nuire à la santé et peut amener à l’erreur, être vecteur de stress, voire pousser à la démission… Pour en compenser les effets, les personnes qui s’ennuient trop longtemps peuvent tomber dans le piège de l’oisiveté ou dans des dérives de comportements compulsifs qui peuvent s’avérer très néfastes !
Comme pour toute chose, la bonne dose d’ennui est un propulseur de créativité, mais il est à consommer avec modération !